Qui a dit que l'anthropologie ne faisait plus recette ? Remise entre les mains du grand public avec la série « Bones » (cette série nous raconte les exploits et mésaventures d'une anthropologue de haut vol, souvent appelée à collaborer avec le FBI dans le cadre d'enquête : son domaine de prédilection est en effet ce qu'on peut appeler « l'anthropologie judiciaire »...), l'anthropologie intéresse encore.
Si l'on se réfère à l'entrée « anthropologie » de « La philosophie de A à Z »( Hatier), chaque science humaine désigne son objet, et précise ses méthodes : l'anthropologie est, comme l'indique son étymologie (le grec « anthropos » signifie « homme »), l'étude de l'homme en général. C'est en ce sens que l'anthropologie va englober l'ethnologie, pour aussi entretenir des liens avec l'histoire et la philosophie...Quand la médecine va étudier l'organisme de l'homme, quand la psychologie va étudier ses désirs et son comportement, l'ethnologie ses cultures, la sociologie l'interaction avec autrui dans son mode de vie, la philosophie les conditions de possibilités de son savoir et d'une vie harmonieuse, l'anthropologie, elle, va mettre plutôt l'accent sur le fait que l'homme, avant tout, est un être dit « de culture », qui est donc amener à évoluer et à changer. C'est ainsi que l'anthropologie va par exemple s'intéresser à l'histoire de l'alimentation, l'histoire du corps, du rapport à la mort ou au sexe, à la famille etc...
En fait, l'anthropologie essaie de répondre à la question de l'unité de l'être humain, à celle de la signification du concept « d'humanité » : la diversité, historique et géographique, des cultures va en effet amener l'anthropologie à nécessairement se pencher sur ces questions. A défaut, elle risquerait de s'assimiler à un ersatz de zoologie de l'espèce humaine, voire à une anthropologie physique : son champ dépasse pourtant largement ces considérations.
anthropologie
Les grands anthropologues (ceux qui ont suivis des études d'anthropologie à l'université : la formation est souvent poussée jusqu'à un doctorat qui ouvre la porte à la recherche, c'est-à-dire à la publication dans des revues d'anthropologie spécialisées par exemple...), en s'intéressant surtout au fait culturel , ont, au contraire, enrichi l'idée que nous avons de l'humain. C'est ainsi l'exemple de Claude Levi Strauss (« le barbare, c'est celui qui croit à la barbarie »...vous vous rappelez ?), lorsqu'il médite sur le caractère universel de la prohibition de l'inceste, comme passage nécessaire de la nature à la culture pour tout être ou société en anthropologie.
Pour autant, si l'anthropologie va chercher à dégager des dénominateurs communs de l'humanité, l'anthropologie va aussi contribuer à remettre en cause l'idée de « nature humaine », c'est-à-dire l'ensemble des traits caractéristiques indépendants d'une culture, qui vont faire l'humanité de l'homme....Sans nier cependant l'universalité de certaines règles fondatrices de la culture, l'anthropologie mettra toujours une distance avec cette idée de nature humaine, pour mieux se préoccuper des hommes concrets, qu'elle étudie dans leur diversité. Pour ceux que l'anthropologie intéresse, on ne saura que conseiller la revue « Sciences Humaines », laquelle est une mine d'or pour tout ce qui touche à l'ethnologie, l'anthropologie, la sociologie...Ouvrage de vulgarisation scientifique, la lecture de certains articles est parfois laborieuse, mais la maquette de la revue et son souci d'accessibilité font qu'elle est un véritable régal à lire.
